Chesney Henry Baker, Jr. dit « Chet Baker », né à Yale (en) (Oklahoma, États-Unis) le 23 décembre 1929 et mort à Amsterdam (Pays-Bas) le 13 mai 1988, est un trompettiste, bugliste et chanteur de jazz américain.
Biographie
Sa famille s'installe en Californie en 1939. Chesney échange le trombone offert par son père contre une trompette (il écoute alors Harry James, trompettiste spectaculaire au style bien éloigné de celui qui sera le sien). Il s'initie à la musique à Glendale (orchestre scolaire), puis se produit bientôt avec des orchestres de danse. Il se passionne surtout pour le saxophoniste Lester Young et ses suiveurs.
En 1946, engagé dans le 2980 Army Band stationné à Berlin, il découvre le bebop (Dizzy Gillespie, Charlie Parker) et les orchestres modernes blancs de l'époque (Woody Herman, Les Brown (en), Stan Kenton). Rendu à la vie civile en 1948, il étudie l'harmonie et la théorie musicale, mais s'engage de nouveau, en 19501, à la suite d'une déception amoureuse. Il joue dans ses premières jam-sessions avec Dexter Gordon et Paul Desmond.
En 1951, il est muté dans un bataillon disciplinaire, déserte et se fait réformer pour manque d'adaptabilité à la vie militaire. En 1952, il joue avec Vido Musso, Stan Getz et surtout Charlie Parker qui le choisit parmi une cohorte de jeunes trompettistes californiens pour l'accompagner dans une tournée sur la Côte Ouest de Los Angeles à Vancouver au Canada. Il grave ses premiers témoignages discographiques sous la responsabilité de Harry Babasin.
Cette même année, débute la collaboration avec le saxophoniste baryton Gerry Mulligan au sein d'un quartet sans piano (pianoless quartet), formation inhabituelle à l'époque. Le groupe, qui joue tous les lundis soirs au club The Haig à Hollywood pendant plusieurs mois, devient rapidement très populaire. Début 1953, le saxophoniste Lee Konitz se joint au quartet à plusieurs reprises. Mulligan forme un tentet auquel participe Chet.
En juin 1953, Mulligan est arrêté pour détention de stupéfiants. Il est condamné à six mois de prison. Un mois plus tard, Chet Baker forme son propre quartet (1953-54) avec Russ Freeman au piano. De l'été 1953 à l'été 1955, Chet enregistre abondamment et dans divers contextes, quartet, sextet, septet, avec ensemble à cordes. Il est entouré par des pointures du Jazz West Coast tels Bud Shank, Zoot Sims, Jack Montrose, Shelly Manne.
Un disque va connaître un véritable triomphe à travers tout le pays : Chet Baker Sings (1954-1956). Chet devient une icône américaine, à la fois rebelle et fragile. Les photos de son ami William Claxton contribuent à véhiculer cette image idéalisée de playboy. Avec ses premiers cachets, Chet achète ses premières automobiles, une passion qui l'accompagnera toute sa vie. En 1954, Chet Baker est élu trompettiste de l'année par tous les référendums des magazines de jazz.
En septembre 1955, il part pour la première fois en Europe. Il signe rapidement un contrat avec le label français Barclay. Il enregistre dès le mois d'octobre avec son groupe des faces composées pour la plupart par Bob Zieff. Quelques jours plus tard, son pianiste Dick Twardzik meurt d'overdose dans sa chambre d'hôtel. Accusé par les parents du pianiste, Chet décide malgré tout de poursuivre la tournée et enregistre à la tête de diverses formations, surtout françaises.
Après sept mois en Europe, Chet revient aux États-Unis début 1956. Après une longue tournée sur la côte Est, il revient à Los Angeles et grave de nombreux disques notamment aux côtés du saxophoniste Art Pepper (The Route (1956), Playboys (1956)). À la fin de l'année, il est arrêté une nouvelle fois en possession de stupéfiants. Au cours de l'année 1957, sa dépendance à l'héroïne se fait plus intense. En 1958, il signe avec le label Riverside et enregistre plusieurs albums dont Chet avec Bill Evans et Philly Joe Jones.
De nouveau en Europe de 1959 à 1964, il est arrêté, emprisonné ou expulsé à plusieurs reprises en Allemagne et en Italie. Ses ennuis avec la justice sont largement couverts par la presse à scandales. Il rencontre aussi en Europe, des amis, de nombreux musiciens et un public plus réceptif que le public américain[réf. nécessaire]. Il s'initie alors au bugle à Paris.
En 1965, Chet Baker revient aux États-Unis et enregistre une série de disques pour le label Prestige. Sa popularité n'est plus celle des années 1950 et il a des difficultés à trouver des engagements. En 1966, il est agressé par des dealers à San Francisco (mâchoire fracturée, nombreuses dents cassées). Dans l'impossibilité de jouer, il connaît une longue traversée du désert mais, après plusieurs années de ré-apprentissage, il remonte sur scène en 1973.
De 1975 à sa mort, il joue et enregistre abondamment en Europe et aussi aux États-Unis. Parmi les musiciens qui l'accompagnent, on peut citer les pianistes Phil Markowitz (en), Enrico Pieranunzi, Michel Graillier, Alain Jean-Marie ; les guitaristes Doug Raney, Philip Catherine et les contrebassistes Jean-François Jenny-Clark, Niels-Henning Ørsted Pedersen, Riccardo Del Fra, Charlie Haden et Jean-Louis Rassinfosse, Jean Bardy.
Il est filmé par Bertrand Fèvre à Paris, le 25 novembre 1987, accompagné de Riccardo Del Fra à la contrebasse, George Brown et Alain Jean-Marie au piano.
Ses nombreux voyages s'achèvent le vendredi 13 mai 1988 : il est retrouvé mort à Amsterdam, après être tombé par la fenêtre de sa chambre au deuxième étage de l'hôtel Prins Hendrik. Sa chute est survenue après la prise d'importantes quantités de cocaïne et d'héroïne, peut-être a-t-il été poussé par un dealer mécontent2 ? Une plaque commémorative lui rend hommage sur la façade.
Chet Baker est enterré au Inglewood Park Cemetery (en) à Inglewood (Californie).
Style
D'emblée témoignant délicatesse, fragilité, son style évolue dans la deuxième partie de sa carrière : son jeu semble souvent à la limite de la rupture, alternant léger staccato et legato, en de longues phrases sinueuses, sensuelles et vaporeuses, souvent dans le registre grave, soulignées par des effets de souffle et par la proximité du pavillon et du microphone. Il maîtrise surtout à merveille l'art de la ballade3.
Son chant présente les mêmes caractéristiques, même dans l'improvisation « scat », pourtant fort éloignée de l'exubérance d'un Dizzy Gillespie ou d'une Ella Fitzgerald. Ses improvisations restent surtout dans un registre médium loin des envolées suraiguës de Dizzy Gillespie.
Le bassiste Riccardo del Fra, qui a longtemps joué avec Chet, explique sa conception particulière de la musique4 :
« Je sentais chez lui une profondeur qui me bouleversait, j'ai aussi appris avec lui le contrôle de soi-même : c’est-à-dire essayer de faire l'essentiel. La perfection, on le sait, n'existe pas. Mais lui, quand il joue, il en est très proche. Et quand on joue avec lui, il faut vraiment servir la musique et se libérer de son ego. Disons que sa virtuosité est plus magique que technique. » Son œuvre exprime, par antithèse, un lyrisme délicat et pudique.
Discographie
Discographie générale
Enregistrements avec…
Rachel Gould 1979 : All Blues (Bingow)
Jim Hall 1975 : Concierto (CTI)
Steve Houben 1980 : Sweet Martine (Sextet) 52e Rue Est Records
Lizzy Mercier Descloux 1985 : One 4 the soul (ZE Records)
Joe Pass1965 : A Sign Of The Times (World Pacific)
Annie Ross 1958 : Annie Ross Sings A Song With Mulligan! (Pacific Jazz Records)
Cinéma
Notes
Bibliographie
Lien externe
Le Birdland est un club de jazz qui voit le jour à New York en 1949. Le Birdland originel était au numéro 1678 de Broadway Avenue, tout près de la 52e rue dans Manhattan1. Il ferme en 1965 à cause d'un loyer trop cher, et rouvre pour une nuit en 19791. Sa renaissance commence en 1986.
Le premier Birdland (1949-1965
Le Birdland des débuts est nommé ainsi par ses propriétaires Morris Levy et Irving Levy en l'honneur de Charlie Parker1 surnommé Bird, qui est la vedette du club. C'est souvent à lui que le club est associé, mais la salle, d'une capacité de 400 places, attire bien d'autres musiciens de jazz, qui y font parfois des enregistrements1. On peut ainsi citer le Live at Birdland de John Coltrane, Live At Birdland (Toshiko - Mariano Quartet), et la chanson à succès de George Shearing, "Lullaby of Birdland", ainsi que Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Miles Davis, Bud Powell, Stan Getz et Lester Young entre autres. À l'origine, la mascotte des concerts était Pee Wee Marquette, personnage pittoresque et minuscule dont l'imprésario Symphony Sid prenait parfois la relève1.
À son heure de gloire, le Birdland est à la mode chez les célébrités. Gary Cooper, Marilyn Monroe ou encore Joe Louis en sont des habitués. Sammy Davis Jr. y joue également. Malgré son passé illustre, le club perd de la vitesse dans les années 1960 et finit par fermer en 1965.
Renaissance
La version actuelle du Birdland ouvre dans Manhattan Uptown, au 2745 Broadway (au niveau de la 106e rue)1, mais s'établit finalement dans la 44e rue, à l'ouest de la 8e avenue dans Manhattan Midtown. De grands musiciens y jouent actuellement comme Pat Metheny, Lee Konitz, Diana Krall, Dave Holland, Regina Carter, et Tito Puente. il est aussi remarquable que Toshiko Akiyoshi y donne son dernier concert le 29 décembre 2003 (comme mentionné plus haut elle avait joué dans la version originelle du club).
Notes
Liens externes