Comédie satirique Un homme dont la petite amie vient tout juste de mourir, une jeune femme qui s'est récemment évertuée à convaincre une ancienne connaissance rencontrée lors d'une fête qu'elles ont déjà été des amies très proches et un homme hautain, qui a magasiné des appareils électroniques en insultant au passage le vendeur, assistent tous à la conférence de Marc Gauthier. Celui-ci, prétendu gourou de la communication, propose une nouvelle approche afin d'améliorer les relations entre les êtres humains. Mais, comme s'en rendront compte ces participants, il y aura toujours un décalage important entre la théorie et la pratique : 9 sketchs savoureux..
9, le film est un long métrage collectif écrit et réalisé par neuf cinéastes québécois reconnus qui proposent chacun leur propre vision de l’incommunicabilité.
9, le film est un long métrage collectif écrit et réalisé par neuf cinéastes québécois reconnus d’après la pièce de Stéphane E. Roy, Neuf Variations sur le Vide, qui devait d’ailleurs être le titre du film lorsque le projet fut initié il y a plusieurs années. Renommé 9, le film, et après avoir vu quelques changements dans son impressionnant line-up de participants, cette comédie satirique à petit budget a pu achever sa production au courant de 2016. Stéphane E. Roy, qui a cosigné le scénario avec chacun des réalisateurs, avait également participé à l’écriture de la comédie Le cas Roberge en 2008.
Le film se propose de porter un regard original et teinté d’humour sur l’incommunicabilité de nos vies modernes, une thématique qui n’en finit pas de nourrir la cinématographie québécoise depuis quelques années déjà. Les neuf cinéastes ont donc exploré ce thème commun en apposant chacun une vision et une signature bien personnelle. Rare cas de film « à sketch » québécois, dont les exemples les plus mémorables sont Montréal vu par (1991) ou Cosmos (1996), 9, le film se compose des épisodes suivants :
Abus – Un film de Stéphane E. Roy avec Anne-Marie Cadieux et Christian Bégin
Subitement – Un film de Luc Picard avec Alexis Martin, Sophie Cadieux et Charlotte Aubin
Fuite – Un film de Ricardo Trogi avec Hélène Bourgeois Leclerc et Pierre-François Legendre
Hystérie – Un film de Jean-Philipe Duval avec François Papineau et Bénédicte Décary
Je me souviens – Un film de Micheline Lanctôt avec Anne-Élisabeth Bossé et Magalie Lépine-Blondeau
Halte Routière – Un film de Érik Canuel avec Nicolas Canuel et Maxim Gaudette
Banqueroute – Un film de Claude Brie avec Sylvain Marcel, Marianne Farley, Diane Lavallée et Goûchy Boy
Le lecteur – Un film de Marc Labrèche avec Marc Labrèche et Marc Fournier
Eccéité – Un film de Éric Tessier avec Stéphane E. Roy et Noémie Godin-Vigneau
Synopsis
Réunis par le même besoin de trouver un sens à leur solitude et à leur incapacité à communiquer, ils sont venus nombreux chercher les conseils du spécialiste de la « Communic-Action© », Marc Gélinas. Pendant sa conférence, neuf personnages se croisent à travers autant d’histoires qui ont pour point commun la recherche de solution au vide qui les habite. Mais lorsque le nouveau gourou de l’incommunicabilité rencontre fortuitement le grand amour de sa vie, il y a comme un décalage entre la théorie et la pratique…
Distribution
Par ordre alphabétique : Charlotte Aubin, Christian Bégin, Anne-Élisabeth Bossé, Hélène Bourgeois Leclerc, Gouchy Boy, Anne-Marie Cadieux, Sophie Cadieux, Nicolas Canuel, Bénédicte Décary, Marianne Farley, Marc Fournier, Maxim Gaudette, Noémie Godin-Vigneault, Marc Labrèche, Diane Lavallée, Pierre-François Legendre, Magalie Lépine-Blondeau, Sylvain Marcel, Alexis Martin, François Papineau, Stéphane E. Roy
Technique
Genre: comédie dramatique - Origine: Québec, 2016 - Durée: 1h38 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 6 septembre 2016 au Théâtre Outremont - Sortie en salles: 9 septembre 2016 sur 34 écrans au Québec - Tournage: 2015 en plusieurs blocs - Budget approximatif: 1,5 M$
Réalisation (ordre alpha): Claude Brie, Érik Canuel, Jean-Philippe Duval, Marc Labrèche, Micheline Lanctôt, Luc Picard, Stéphane E. Roy, Éric Tessier et Ricardo Trogi - Scénario: Stéphane E. Roy - Production: Luc Châtelain, Stéphanie Pages - Producteur délégué: Daniel Morin - Société de production: Écho Média avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux, Fonds Harold Greenberg, Radio-Canada, ARTV, Post-Moderne - Distribution: L'Atelier Distribution de films
Équipe technique - Conception sonore et mixage: Jean-François Roy, Sylvain Brassard - Costumes: Claire Nadon - Direction artistique: Guillaume Couture - Montage images: Carina Baccanale, Alain Baril, Aube Foglia, Gaétan Huot, Matthieu Paradis, Carmen Mélanie Pépin, Myriam Poirier, Yvann Thibaudeau – Musique: Ludovic Bonnier, Anthony Rozankovic - Photographie: Yves Melanger, Vincent Biron, Bernard Couture, François Dutil, Alexandre Lampion, Ronald Plante, Claudine Sauvé, Nicolas Venne - Preneurs de son: Jean-Sébastien Roy, Marc Tawil
9 tranches de vie. 9 histoires qui s’entrecroisent. Une comédie satirique.
Marc Gauthier, créateur du nouveau programme « Osez la Communic-Action », prétendu gourou de la communication, propose une nouvelle approche. Mais il y aura toujours un décalage entre la théorie et la pratique… Entre les neuf situations truculentes et les quiproquos absurdes, chacun tentera d’en sortir grandi.
Ce n’est pas fréquent que sorte un film en coréalisation au Québec. C’est encore plus rare de trouver un film réalisé par 9 réalisateurs. C’est ce qu’a réussi Stéphane E. Roy avec 9 – Le film. C’est donc 9 réalisateurs, 9 histoires, une comédie satirique amusante.
Chicane de couple et manipulation sont au programme. Certainement amusant,
malheureusement réaliste, ce premier court film met en scène Christian Bégin et Anne-Marie Cadieux dans une joute psychologique à finir. Lui a mal au dos et abuse de la situation pour envoyer sa
femme acheter la bouffe du chien (qui est à lui, d’ailleurs). Elle, elle utilise sa « faiblesse » psychologique pour qu’il se sente « cheap ». Qui gagnera?
Un réalisateur prend une pose pendant un tournage, car sa femme a eu un accident
qui l’amène à rester à l’hôpital. Pour se changer les idées et se remonter le moral, le réalisateur accepte un souper avec les membres de l’équipe de tournage. Mais son téléphone ne cesse de sonner.
Des nouvelles de l’hôpital… des malaises… des gens qui ne savent trop quoi dire… Alexis Martin, Sophie Cadieux et Charlotte Aubin se donnent la réplique dans ce court film qui traite des
malaises.
Pas facile de recréer la magie des débuts. Hélène Bourgeois Leclerc et
Pierre-François Legendre s’obstinent, se chicanent et se réconcilient lors d’un mini voyage autour du monde. Mais est-ce que ce sera suffisant pour redécouvrir la magie? Les difficultés de
communication au sein du couple sont à nouveau mises en scène par Trogi.
Diriger une vedette n’est pas toujours facile pour un réalisateur. Surtout
lorsqu’il couche avec ladite vedette. François Papineau et Bénédicte Décary se donnent la réplique dans ce film où les insultes volent et les égos sont attaqués.
Ahhhh les retrouvailles… Pas toujours faciles. Surtout lorsqu’on n’est pas du
genre à séduire facilement. Ici, c’est Anne-Élisabeth Bossé qui joue à merveille la pauvre jeune femme qui tente désespérément de se faire reconnaître par une ancienne amie de voyage.
Malheureusement, elle devra travailler fort dans ce court-métrage amusant. Sa « copine » la reconnaitra-t-elle?
Deux camionneurs dans un bar crade d’une halte routière entament une discussion.
Quiproquo, mésentente ou incertitude? Les deux camionneurs entreront dans une danse où les mots et les gestes seront source d’incertitude. Un univers sombre dans lequel plane une ambiance lugubre.
Maxim Gaudette et Nicolas Canuel s’y donnent la réplique avant de reprendre la route…
Sylvain Marcel interprète le pauvre homme qui réalise qu’il s’est fait vider son
compte en rentrant de Belgique. Pas facile de se faire respecter dans une banque lorsque son compte est à sec. Surtout avec une chemise pleine de café. Un film qui offre une incursion dans la
corruption des banques. À moins qu’il n’y en ait pas?
Un client arrogant et snob qui fait la morale à un « petit » commis
dans une boutique de produits électroniques. Marc Labrèche et Marc Fournier offrent de
succulentes répliques du genre : « Vous connaissez Le Vieil homme et la mer? » « Non, je l’ai pas vu ce film-là. » « Non. C’est
Hemingway! » « Je les connais pas les réalisateurs moi. » Jouissif!
Finalement, le film qui réunit tous les autres… Stéphane E. Roy et Noémie
Godin-Vigneau montrent la force des silences lorsque deux ex se rencontrent après un long moment. Très amusant de voir ce supposé expert de la communication incapable de communiquer avec son
ex.
En visionnant 9 – Le film, on se permet un regard satirique sur la communication entre humains. Avec neuf visions, par neuf personnes différentes, on voit une panoplie de nuances… À moins que « panoplie » ne soit pas le terme exact? Mmmm… Il faudrait demander au Lecteur. Avant l’arrivée de l’automne, 9 – Le filmreprésente un bon divertissement et chacun y trouvera son compte avec l’histoire qui le touche le plus.
Critique
Les films choraux sont généralement inégaux. Il y a toujours certaines histoires qui nous plaisent davantage que les autres et le rythme finit par s'étioler dans un manque de cohérence évident. Il y a bien sûr eu des exceptions pour confirmer la règle - que ce soit Magnolia, Crash ou Pulp Fiction - mais la plupart des efforts dans ce style particulier amènent des résultats imparfaits.
Risquer un long métrage parsemé de petites histoires, ayant un lien infime entre chacune d'elles, était audacieux. Mais Stéphane E. Roy croyait en son produit, et nous sommes particulièrement ravis qu'il ait poussé son projet jusqu'au bout. 9 le film ne possède pas cette inégalité qui gêne habituellement l'appréciation des oeuvres chorales, et ce, malgré le fait que les différents récits n'aient pas d'évidentes corrélations entre eux, mis à part qu'ils s'intéressent tous aux relations entre les humains (un thème assez générique, admettons-le).
Les neuf courts métrages sont réalisés par des cinéastes émérites, dont Érik Canuel, Jean-Philippe Duval, Micheline Lanctôt, Luc Picard et Ricardo Trogi, et chacun d'eux nous transporte dans son univers avec une fluidité et une humanité étonnantes. Malgré ces univers hétérogènes, le film choral ne souffre pas d'une dissonance chaotique globale comme d'autres avant lui. Chacun des courts métrages est présenté de façon didactique - avec le titre du film et le nom du réalisateur - et pourtant, on ne ressent pas de frein ou de décélération dans le rythme du long métrage. Chapeau au travail de coordonnateur qu'Éric Tessier a joué avec brio pour amalgamer ces neuf histoires ensemble.
Ce qui est particulièrement appréciable dans 9 le film c'est qu'on rapporte irrémédiablement quelque chose avec nous après le visionnement. La plupart des films se terminent une fois la porte du cinéma passée, mais certains laissent des traces (elles ne sont pas toujours positives, mais le sont définitivement ici). Tous les cinéphiles auront été marqués plus particulièrement par une oeuvre ou par une autre (personnellement mon film préféré est : Halte routière de Canuel). Ces petits films engendreront également des discussions à la sortie du cinéma, pas nécessairement parce qu'ils explorent des sujets litigieux, mais parce qu'ils se rapportent à des situations de la vie quotidienne (de façon satirique) qui nous touchent et nous font réfléchir sur nos propres travers.
Il y a également, dans ce long métrage, des performances d'acteurs remarquables qui méritent d'être soulignées. Mentionnons le travail exceptionnel de Nicolas Canuel et Maxim Gaudette qui interprètent deux camionneurs à la sexualité confuse, la prestation fabuleuse de Marc Labrèche en mondain vaniteux qui insulte un vendeur d'appareils électroniques et celle, émouvante, d'Alexis Martin dans le rôle d'un homme qui apprend que sa femme est décédée au cours des quelques heures où il a quitté son chevet.
9 le film est un petit bijou inattendu qui bigarre l'offre cinématographique québécoise de belle façon. On vous le conseille chaudement!