Feuilleton TV 4 premiers épisodes : Ce thriller bourré d’action et de rebondissements, où les alliés deviennent des ennemis, où rien n’est ni blanc, ni noir, et où «on fait le mal pour faire le bien et inversement, nous catapulte dans le monde secret des sociétés militaires privées.
Critique
Une série intelligente qui nous interpelle profondément sur des questions de morale et d’éthique: jusqu’où sommes-nous prêts à sous-traiter notre sécurité à des firmes privées qui jouent à la limite de la légalité?
NI NOIR, NI BLANC
C’est ce que j’aime le plus des séries américaines que je regarde: qu’on me mette face à des dilemmes cornéliens, qu’on me force à réfléchir sur des questions morales.
Est-ce que la fin justifie les moyens? Peut-on commettre des gestes immoraux à condition que notre but, lui, soit éminemment moral? Est-ce que c’est correct de faire du trafic de drogue si c’est pour utiliser les fonds pour soigner son cancer et laisser des sous à notre famille (Breaking Bad)?
Est-ce que l’on peut recourir à la torture ou à la manipulation si on veut combattre le terrorisme (Homeland)?
Est-ce qu’on peut tricher en politique si c’est pour faire passer une loi qui contribuera au bien-être de la collectivité (House of Cards)?
Eh bien, c’est exactement ce genre de questions auxquelles nous convie Luc Dionne, qui signe avec Blue Moon son scénario le plus achevé.
Avant de visionner Blue Moon, je ne me posais pas de questions sur ces sociétés militaires privées qui mènent des opérations clandestines. Mais la série de Club Illico nous force à nous poser les mêmes questions que Justine Laurier, le personnage de Karine Vanasse. Lors d’une scène mémorable, elle lance LA question fondamentale de la série: «Est-ce qu’on fait du mal pour faire du bien?»
Comme société, trouve-t-on acceptable de financer des opposants au terrorisme en commettant des gestes criminels?
Trouve-t-on correct de confier à une entreprise privée la sale job que les policiers ou les militaires ne peuvent pas faire?
Va-t-on fermer les yeux sur des crimes commis par des compagnies privées juste parce qu’elles ont agi en ayant le feu vert de nos services secrets?
Est-ce que les journalistes doivent fouiller et révéler au grand jour les opérations clandestines menées par des compagnies comme Blue Moon même si, ce faisant, ils risquent de faire achopper des opérations essentielles?
LA RÉALITÉ ET LA FICTION
On sait que la suite est déjà tournée. J’espère que ces débats éthiques seront encore au cœur de la deuxième saison. Et j’espère aussi que ce genre de séries va lancer un débat sur ces compagnies qui opèrent en toute impunité, sans jamais avoir de comptes à rendre à la justice.
Parce que ces compagnies n’existent pas juste dans l’imagination fertile de Luc Dionne, mais aussi dans la «vraie vie».