Cinéma Les Arcades à 10h30
Cinéma Cannet Toiles 17h
Un ton positif et léger pour raconter le combat d’une jeune femme de moins de trente ans contre une maladie mortelle. Très optimiste, elle inspire les autres, positivant ses expériences, fantasmant à propos de son médecin et faisant de son mieux pour continuer à sourire et à plaisanter alors que son état de santé s’améliore.
Cette comédie romantique dramatique a été l’un des gros succès de la fin de l’été 2015. Interprété par Bai Baihe et Daniel Wu, ce film a en outre été le candidat chinois pour l’Oscar du meilleur film étranger cette année. Il est inspiré d’une web série très populaire.
Durée: 128 minutes. Date de sortie: 13 Août 2015. Box-Office: environ 512 M Yuans
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par Juvenal
Ce film repose sur une histoire vraie : une jeune dessinatrice, Xion Dun, atteinte d'un cancer, a raconté son combat quotidien contre la maladie sous la forme d'une bande dessinée qui a connu un
immense succès en Chine. Son courage, son optimisme, son amour de la vie ne peuvent que susciter l'admiration. Et même si la maladie a fini par l'emporter, elle continue à vivre à travers son oeuvre
et maintenant grâce à ce film.
Bai Bai He lui prête son beau visage. Dans les premières scènes du film elle apparaît comme une jeune femme très gaie, très vive, mais manquant un peu de maturité bien qu'approchant de sa trentième
année. Une personnalité encore mal assurée, une peu trop superficielle pour attirer vraiment la sympathie. On regrette que son activité professionnelle, son travail de création, soient laissés dans
l'ombre tandis que sont illustrés de multiples manifestations de sa fantaisie ainsi que les liens étroits qui l'unissent à un petit groupe d'amis, garçons et filles.
Vient la première alerte et la révélation de la terrible maladie.
La suite du film fera une large place aux scènes d'hôpital. C'est un thème quelque peu rebattu et traité presque chaque soir par de multiples séries télévisées, sans compter le passage quasi rituel
par la case hôpital dans des productions trop nombreuses pour qu'on les énumère ici. Une mode un peu surprenante, mais qui s'explique peut-être par le vieillissement de la population. Notons que ces
séquences sont filmées ici avec une certaine discrétion, que nous sont épargnés tout épanchement excessif d'hémoglobine ainsi que le recours à des technologies un peu trop flamboyantes. C'est à peine
si nous assistons, de loin, à une ponction lombaire et à un passage au scanner.
En double contrepoint à ces scènes filmées avec un mélange assez réussi de réalisme et de distance, les relations chaleureuses entre la jeune femme et ses amis ainsi que l'attirance, réciproque,
semble-t-il, qu'elle éprouve pour le médecin chargé de la soigner.
De fait, les liens de l'amitié occupent une place essentielle dans ce film, une amitié tendre, chaleureuse, poussée parfois à l'extrême puisqu'on verra les amis de l'héroïne se faire raser le crâne
pour l'accompagner dans la perte de sa chevelure, effet secondaire de la chimiothérapie.
Amitié plutôt qu'amour. Apparemment cette jeune femme n'a connu que des déboires amoureux et n'a pas réussi à construire une relation durable avec un partenaire masculin. S'agit-il d'un choix
délibéré, d'une autonomie revendiquée ou d'un malheureux concours de circonstance ? Comment expliquer l'insistance mise sur le manque de maturité de la jeune femme, sur son extrême fantaisie, sur ses
échecs sentimentaux ? Peut-être le public auquel ce film est destiné aurait-il difficilement supporté l'affirmation qu'une très grande liberté sentimentale n'était pas incompatible avec une vie
heureuse et équilibrée.
De même le titre du film, Go Away Mr Tumor, surprend un peu. La tumeur, plus exactement un myélome non hogdkinien, se trouve ainsi personnifiée et masculinisée. Sans doute est-ce un moyen de
l'écarter de soi, d'en faire un corps étranger dont il convient de se débarrasser, go away. Mais il n'est pas indifférent que la maladie soit assimilée à un élément masculin, qui doit être écarté,
comme tous les autres avant lui. Seul le médecin sera épargné. Mais l'intérêt qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, si vif soit-il, ne pourra se concrétiser que par quelques instants d'émotion
partagée, sans que rien ne soit dit ni ne soit fait qui puisse évoquer un quelconque accomplissement amoureux.
Aux anciennes relations de la jeune femme vient s'ajouter sa compagne de chambre, un personnage un peu mystérieux, en qui elle voit l'incarnation d'une reine. Une amputée du coeur, elle aussi, comme
dit Brel.
Evoqués à plusieurs reprises, les cauchemars de l'héroïne sont particulièrement saisissants et illustrent son angoisse : même si elle tente, par tous les moyens, de refuser sa maladie et de garder
bonne figure, elle n'en est pas moins consciente des progrès du mal et de son issue probable.
Son visage, précisément, conserve tout au long du film une beauté inaltérée. Cette permanence nuit sans doute à la vraisemblance de son histoire, il est peu crédible que la maladie ne l'affecte pas
davantage, mais répond peut-être à sa propre volonté, ou à celle du réalisateur : ne jamais céder face au mal qui la ronge, rester elle-même jusqu'au bout.
Cette impassibilité apparente nuit un peu, me semble-t-il, à l'émotion que le film devrait susciter. Même si les dernières images ne peuvent laisser insensible, et si la douleur des parents et des
amis est donnée à voir avec beaucoup de vraisemblance et d'efficacité, il est difficile de savoir si l'on est sincèrement bouleversé ou si nos larmes ne sont dues qu'à un réflexe conditionné
déclenché par nos neurones miroirs.
Une dernière réserve : à mon sens il est bien regrettable que les dessins de Xion Dun n'apparaissent que dans le générique final, et dans un format si réduit qu'ils sont illisibles et
incompréhensibles. Il me semble qu'intégrés dans le corps du film ils en auraient illustré la signification et contribué puissamment à susciter l'émotion du spectateur. Mais peut-être cette bande
dessinée est-elle si connue du public chinois que, pour lui, un tel rappel était inutile.
En conclusion, une approche originale d'un thème maintes fois traité, une héroïne admirable de courage, un hymne à la vie et à l'amitié, un beau film.